LA GROSSESSE
L’histoire de l’enfant commence dans l’imaginaire des parents. On l’imagine grand, beau, fort et plus tard riche. A partir du moment où on est deux (couple), on est déjà trois, même si l’enfant n’est pas encore pensé consciemment. Il y a toujours dans le désir d’avoir un enfant un besoin personnel à assouvir. Durant les 9 mois de grossesse, les parents font le deuil de l’enfant imaginaire. On divise les 9 mois en 3 périodes :
1ère période : Incorporation. Il faut acquérir l’identité maternelle, l’assimiler d’après la propre histoire de la femme : Quand elle était nourrisson, d’après ses rapports avec sa propre mère, son propre père, sa conception de l’enfant. Cela provoque chez la femme une régression. Elle se voit petite-fille, elle rêve beaucoup de son enfance (souvenirs). Elle pourra aborder sa grossesse soit comme un événement heureux, valorisant, soit avec l’angoisse due à la déformation corporelle, à la fatigue. L’ambivalence des sentiments de refus et d’acceptation pourront entraîner des vomissements, des malaises, des dégoûts…de l’instabilité. Les modifications hormonales toucheront l’humeur, la sexualité… La femme s’installe dans son nouveau statut, non sans heurts.
2ème période : L’enfant est accepté, il bouge, se distingue de la mère. C’est une période sereine. La femme se suffit à elle-même, son corps s’épanouit. Elle ressent une grande sensibilité au monde extérieur. Elle a retrouvé son dynamisme et éprouve beaucoup de bonheur à fabriquer son fœtus. (Notons qu’à ce niveau là, certaines femmes ressentiront de l’angoisse à l’idée de porter un être vivant, étranger à elles et vécu comme un parasite). La femme commence à concevoir son enfant comme différent d’elle. Le père acquiert son identité de père. Il aide psychologiquement la mère à porter l’enfant.
3ème période : Travail de séparation. Les parents confrontent l’enfant imaginaire à l’enfant réel. Un processus de deuil commence. L’enfant existe. Le processus de deuil doit être achevé à l’accouchement. L’enfant naîtra réel, autonome et différent. La femme pense à son accouchement, craint les douleurs, le risque de l’enfant mort-né, ou anormal.
L’enfant imaginaire est là pour combler un manque chez les parents. Après la naissance, l’enfant devient d’un coup réel. Cela n’est pas toujours accepté par les parents. Le deuil est donc là nécessaire.
Cas de malformation à la naissance : Ce qui est important n’est pas qu’un enfant soit incomplet mentalement ou physiquement, mais la façon dont les parents vivent cette incomplétude. Ils pourront y voir une punition, renforçant ainsi la tare chez l’enfant, le confirmant dans son état d’infériorité. Il pourra aussi y avoir de la culpabilisation vis à vis des grands-parents, qui eux ont bien réussi leur travail. Le rôle maternel sera alors plus difficile à acquérir.