psychomotricité - WINNICOTT
   
 
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Son oeuvre est centrée sur la nécessité, pour le développement, d'un environnement "suffisamment bon". Faute de cela, l'Enfant se construira une personnalité d'emprunt. Pédiatre, WINNICOTT se mit secondairement à la psychanalyse.

Sa méthode est une psychanalyse remodelée, avec communication directe (jeu, mot, geste) ou indirecte en discutant avec la Mère en présence de l'Enfant. WINNICOTT adapte le cadre selon la personnalité du patient.

 

Né en Angleterre, à Plymouth en 1896, il meurt à Londres en 1971. Il vient d'un milieu très provincial. Son père était maire. Il a deux soeurs plus âgées que lui. Il dispose lors de son enfance de beaucoup d'espace et de tranquillité. Vers 16 ans, il a une vocation médicale. Il étudie la biologie à Cambridge, est chirurgien sur un destroyer pendant la guerre puis achève ses études à Londres. On lui propose alors 2 postes de pédiatre dans 2 hôpitaux d'enfants de la ville. Dans l'un d'eux il assumera les consultations pour enfants et verra ainsi passer environ 60.000 cas. Son expérience de la pédiatrie et la lecture d'un livre de FREUD le font s'engager dans une longue analyse personnelle, de 30 à 40 ans. Il devient élève de Mélanie KLEIN. Il est opposé aux lobotomies (la grande découverte de l'époque). WINNICOTT dit que chacun de nous a une tendance naturelle à la santé et est capable de trouver une issue personnelle à ses conflits.

 

 

Concepts

 

  1. La préoccupation maternelle primaire : c'est l'état de la Mère pendant la grossesse et quelques semaines après la naissance. La femme ne se souviendra pas de cet état. C'est l'équivalent d'un état de repli, de dissociation, de fugue vis à vis de la réalité et qui peut ressembler à un épisode schizoïde. C'est une sorte d'hyper sensibilité quasi pathologique. Une femme en bonne santé physique et mentale peut à la fois atteindre cet état et l'abandonner quelques semaines après la naissance de l'enfant. La préoccupation maternelle primaire fournit à l'enfant les conditions nécessaires à son développement. Il y a une sorte d'adéquation totale entre la Mère et son bébé. Ce dernier n'éprouve aucun danger, aucune menace et peut s'investir lui-même sans problème.

  2. Le holding : l'Enfant vit des choses bonnes ou mauvaises hors de sa portée et dont il n'est pas responsable. Il rassemble les facteurs externes dans le champ de la toute-puissance. Il donne une signification interne à ce qui est externe. Ce sont les soins maternels qui soutiennent son Moi, encore incapable de maîtriser les expériences, bonnes ou mauvaises. Le "holding", c'est l'environnement stable, ferme et capable de porter psychiquement et physiquement l'Enfant. C'est quelque chose de naturel à la Mère. Elle comprend spontanément et par empathie ce qu'il faut à l'Enfant, ce qui est bon pour lui. C'est ainsi que WINNICOTT peut dire que la plupart des Mères sont suffisamment bonnes. La Mère elle-même sait qu'elle n'est pas parfaite. Elle est capable d'assumer ses défaillances transitoires. En étant "bonne", elle entretient une "illusion positive" vis à vis de l'Enfant qui croit créer lui-même la réalité extérieure. Il finira par prendre conscience de cela petit à petit. Cette illusion positive permet à l'Enfant d'émerger de la fusion. WINNICOTT distingue 3 étapes:

    • Etape de dépendance absolue: l'Enfant n'est pas capable de reconnaître les soins Maternels dans ce qu'ils ont de bon ou de mauvais. Il en tire profit ou en souffre et là s'arrête sa participation. Ainsi on observera au niveau du langage la Mère qui s'exprime et fait les réponses à sa place. Dans le comportement alimentaire, quand l'Enfant a faim, il pleure avec conviction parce qu'il est déstructuré.

    • Etape de dépendance relative: l'Enfant est capable de se rendre compte en détail des soins dont il a besoin. Il les relie à des impulsions personnelles. Il les repère, les juge en fonction de ses désirs et de leur adéquation. Il n'est pas encore capable de s'en passer. Ainsi, l'Enfant pourra décrypter ce que dit la Mère. Quand il a faim, il pleurera pour appeler.

    • Etape d'indépendance: l'Enfant peut se passer des soins, en emmagasinant des souvenirs. Il possède une certaine compréhension intellectuelle et une confiance en l'environnement. Il a introjecté les soins antérieurs et peut projeter ses besoins sur autre chose. Il est capable de différer. Ainsi il pourra répondre, prendre en charge le langage. Quand il a faim, il sait attendre un peu, et sait halluciner le biberon pour patienter.

  3. L'espace potentiel : pendant les premières semaines, l'Enfant vit dans un état de toute puissance magique (il a fabriqué le lait qu'il reçoit). Pour renoncer à cette omnipotence, et reconnaître l'existence de la réalité extérieure distincte, il va fabriquer, concevoir entre l'interne et l'externe une aire intermédiaire qui n'appartient ni à l'un ni à l'autre. C'est l'espace transitionnel, ou potentiel. Une des manifestations de cet espace sera l'Objet transitionnel, dont on peut distinguer plusieurs caractéristiques: c'est un objet matériel (et non un fantasme ou une hallucination), réconfortant pour l'Enfant. Il a une consistance. Ce qui est transitionnel, ce n'est pas l'Objet lui-même mais son utilisation. Sa fonction est de représenter le passage entre la Mère et l'environnement, de rétablir la continuité menacée par la séparation. C'est la première possession non-Moi de l'Enfant. L'Objet transitionnel ne doit pas être changé par l'extérieur, et doit avoir une permanence. L'Enfant a tous les droits sur l'Objet. Il l'aime passionnément, et en même temps le maltraite et le mutile. L'Objet survit à son agressivité. Il sera délaissé quand l'Enfant en aura progressivement retiré sa signification affective, l'Objet s'étant alors répandu sur tout le territoire intermédiaire qui sépare la réalité psychique intérieure du monde extérieur. C'est le territoire de la communication et de la culture, du langage et du jeu, de l'art... L'aire transitionnelle est une zone entre le Moi et le non-Moi: l'Objet transitionnel permet le passage dans cette zone. Il est à la fois une projection narcissique et une relation objectale. L'Enfant l'aime comme si c'était quelqu'un d'autre et comme si c'était lui.

  4. L'agressivité : il y a d'abord un stade théorique de non inquiétude, de cruauté. L'Enfant a un but et ne se soucie pas des conséquences. Il ne se rend pas compte que ce qu'il détruit, c'est la même chose que ce qu'il estime (clivage du comportement). L'agressivité fait partie de l'amour. L'amour va jusqu'à une attaque imaginaire (du corps de la Mère, de l'extérieur, de soi). L'Enfant n'est pas responsable de ses actes car il ne sait pas qu'il en est responsable. Ce stade de cruauté doit être vécu pleinement: s'il n'existe pas, ou s'il disparaît trop tôt, s'ensuit une absence de capacité d'aimer, une absence d'aptitude à établir des relations objectales. Il faut en effet que cette non inquiétude soit vécue pleinement pour que le sujet puisse la dépasser. Arrive alors le stade du souci, de l'inquiétude, où l'intégration du Moi est suffisante. L'Enfant peut désormais se rendre compte, se soucier des résultats de son agressivité physique ou psychique. Il est capable de se sentir coupable, de ressentir du chagrin. Un Enfant en bonne santé peut supporter cette culpabilité, et donc se supporter comme coupable et agressif. Il devient alors capable de découvrir son propre besoin de donner, son propre besoin de construire et de réparer. Une grande partie de l'agressivité donne naissance aux fonctions sociales. La frustration agit comme une échappatoire à la culpabilité et engendre des mécanismes de défense, comme par exemple le clivage où il y a diminution de la culpabilité et renforcement de la haine et de l'agressivité. Cette agressivité est un élément nécessaire au développement. L'Objet interne ne doit pas seulement être gratifiant, il doit aussi être persécutant pour favoriser un potentiel réactionnel.

  5. Notion de self : la Mère assume un rôle de représentation continue du monde. Elle est suffisamment bonne et entretient l'illusion positive. Elle permet à l'Enfant de se forger un vrai self, c'est à dire de passer de la non intégration primaire, archaïque, à l'intégration, au "je". Le vrai self permis par l'environnement, c'est, au stade le plus primitif, le geste spontané, l'idée personnelle. C'est lui qui crée l'espace potentiel, l'Objet transitionnel. Seul le vrai self peut être créateur, et peut être ressenti comme réel. Il est lié à l'idée de processus primaire (condensation, déplacement... processus inconscients) et devient une réalité vivante par la réussite répétée du geste spontané, de la pensée personnelle du nourrisson, ainsi que par l'adaptation de sa mère. L'Enfant voit que c'est accepté par l'extérieur. C'est le noyau de ce qu'il est vraiment, des éléments personnels et spontanés, auxquels on adapte les événements extérieurs. Lorsque l'environnement ne s'adapte pas au self, ou lorsque l'Enfant ne transforme pas l'environnement suffisamment bon en environnement parfait, il se soumet aux exigences de cet environnement par peur de la désintégration. Il développe un faux self, une personnalité d'emprunt qui pourra être très bien adaptée à la société, très performante mais qui laissera toujours au sujet un sentiment d'inutilité, de vide, de néant, de futilité de l'existence. Le monde devient alors fallacieux, falsifié, il n'existe pas vraiment. Le faux self donne l'impression à la personne de jouer un rôle, de dissimuler, de faire "comme si". Le vrai self n'a alors plus droit à l'existence, et autour de lui se forge un masque qui tente de le protéger. Plutôt que d'intégrer les données extérieures à son self, le sujet en viendra à transformer son self en fonction de l'environnement. Il apprend les choses mais ne les habite pas. La réaction pourra aller jusqu'au repli autistique.

Rappel :

- Le Moi se situe beaucoup plus par rapport à la réalité extérieure. C'est un élément tourné vers l'Autre, vers la communication. 

- Le self, c'est à la fois le Moi, le ça et une partie du Surmoi. C'est la partie la plus créatrice de notre personnalité, c'est celle qui imagine, qui joue. C'est le fondement du symbole, qui nous donne le sentiment d'exister. C'est la partie que nous reconnaissons comme étant nous-même, nous représentant spécifiquement. Le vrai self est un état où on a suffisamment confiance en soi et en l'environnement pour être soi-même. Le self nous donne l'impression de notre identité, de notre intimité.

- Le Soi, d'après JUNG, c'est quelque chose qui se construit, très en rapport avec la culture.

 

 

Approche thérapeutique

 

Consultation : elle répond à un objectif très précis. Elle vise la possibilité d'apporter à l'Enfant et à sa famille une aide limitée et immédiate.

De quoi l'individu a besoin ici et maintenant ?

Quel est le moyen le plus économique psychiquement et matériellement pour y faire face ?

Telles sont les questions que se pose le thérapeute durant la consultation. Pour cela, WINNICOTT utilise l'échange verbal, corporel (pour les bébés) et graphique.

  • Le "squiggle game" : c'est une technique projective qui instaure une intimité entre patient et thérapeute, et qui établit une aire de jeu entre eux deux. Le thérapeute fait un gribouillis et demande à l'Enfant de le transformer, d'en faire quelque chose. Ensuite c'est l'Enfant qui fait un gribouillis, et le thérapeute complète. En général, le jeu évolue vers le détail significatif qui permet d'atteindre la zone de conflit, le point de détresse. A chaque fois qu'il approche de cette zone de détresse, l'individu se surprend lui-même à être très angoissé. S'opère alors un changement qualitatif dans l'expression, dans le matériel psychique. Il est arrivé à WINNICOTT de voir un Enfant tous les 6 mois, ou tous les ans. La séance peut durer 2 ou 3 heures.

Cure psychanalytique : WINNICOTT distingue deux catégories de patients, ceux qui relèvent d'une cure classique et les autres, qui ont des personnalités psychotiques ou des personnalités faux-self. WINNICOTT estime indispensable de laisser ces patients là s'installer durant de longues périodes dans un état de dépendance vis à vis du thérapeute. Cette dépendance et comme celle que le nourrisson entretient avec sa Mère. Elle permet ici au patient d'exprimer sa détresse. Quand le sujet est dans un tel état qu'il ne peut plus exprimer quoi que ce soit, la première chose à faire est de satisfaire son besoin de dépendance. Sinon il y a le risque de reproduire une situation de carence primitive. Le thérapeute lui fournira alors une situation nouvelle dans laquelle le sujet aura le sentiment d'être totalement admis, soutenu. C'est un holding, qui permet la mise en place de la confiance, de la réciprocité, en évitant le recours à toute parole ou tout geste qui pourraient être perçus comme autant d'empiètements de la liberté. Dans cette situation, le patient n'a aucun désir. Il n'a qu'un besoin, d'ordre mental et physique: c'est d'être dépendant. Dans un premier temps il ne sait pas qu'il a ce besoin. Il faut que cet état de dépendance soit ressenti comme agréable, sans culpabilisation. C'est en élaborant les choses qu'il constatera qu'il est dépendant. Apparaît alors la colère, que le patient se sent autorisé à exprimer. En temps normal, la colère est souvent mal perçue par lui, refoulée même à cause de la carence initiale. Ce que le patient demande au cadre, c'est d'assumer la fonction de l'environnement primaire défaillant. Il faut qu'il ait suffisamment confiance en l'environnement pour pouvoir régresser. Quand l'environnement primaire a été défaillant, ces patients se sont trouvés être à eux-même leur propre environnement, en recourant à un fonctionnement prématuré du Moi.

Toute analyse doit un jour confronter le patient à un état où ce qu'il redoute le plus c'est la folie, la folie révélée par l'éventuelle absence d'angoisse pendant la régression, la folie face à la disparition du sentiment de vie à l'intérieur du corps. S'il craint cette absence d'angoisse, c'est parce que la régression pourrait être irréversible. Ainsi donc paradoxalement, le patient angoisse de ne pas ressentir d'angoisse lors de la régression, et c'est une angoisse de mort.

Après cette dépendance dans le cadre analytique, le patient se laisse aller à l'effondrement, ce contre quoi d'ailleurs il a toujours lutté. Et ce qui s'effondre justement, c'est ce qu'il a peur de perdre, c'est le self unitaire. Le patient vit alors une agonie primitive.

Exemples d'agonies primitives :

  • Perte du sens du réel, dont la défense est le narcissisme;

  • Perte de la capacité à établir une relation d'Objet, dont la défense est l'autisme;

  • Ne pas cesser de tomber, dont la défense est l'auto maintien;

  • Retour à un état non intégré, dont la défense est l'éclatement, le démantèlement... etc.

Il faut bien savoir que nous avons affaire à des patients qui luttent sans arrêt contre la crainte de l'effondrement. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que cet effondrement a déjà eu lieu. Ils élaborent des défenses de manière impulsive contre quelque chose qu'ils redoutent dans le très proche avenir, alors qu'ils devraient plutôt se défendre de leur passé. Leur Moi d'alors était trop immature pour vivre et éprouver l'évènement. C'est quelque chose qui s'est produit mais qui n'a pas été éprouvé. Le transfert de l'analyse a pour but de le leur faire éprouver (et non ré-éprouver). Quand cet effondrement s'est produit dans leur enfance, les capacités du sujet n'étaient pas aptes, le Moi n'était pas assez uni, le self n'était pas constitué pour lui permettre d'éprouver. Mais elles l'étaient néanmoins assez (aptes) pour en garder les séquelles. On demande au patient lors de la cure de vivre dans le présent ce à quoi il a assisté dans le passé, et ce qu'il avait projeté dans l'avenir.

 

Précisions : 

  1. Consultations: pour Enfants et adolescents, en coup de pouce de 1, 2 voire 6 séances.

  2. Cure analytique: névrose de transfert (hystérie, névrose obsessionnelle).

  3. Régressions: organisations schizoïdes, états limites, faux self.

 
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