anna freud
Son oeuvre est centrée sur l'application aux enfants de la psychanalyse avec comme référence la théorie paternelle. Elle s'est attachée à appliquer la psychanalyse de manière pédagogique. Sa méthode est la cure analytique.
Anna FREUD est la dernière fille des 5 enfants de Sigmund FREUD. Elle commence à travailler après la guerre de 14-18 à Vienne où elle participe au mouvement pédagogique et social avec la création de dispensaires, de crèches, la formation d'éducateurs...
En 1925 elle entre au comité de coordination et publie 2 ans plus tard "l'introduction à la psychologie des enfants". Ce sera le point de départ de la controverse avec Mélanie KLEIN. Elle émigre à Londres en 1938 où elle fonde une clinique de thérapie d'enfants: la clinique d'Hampstead. Elle reprend, au niveau de son oeuvre, les concepts fondamentaux de son père mais en approfondira certains points qu'elle adaptera à l'enfant et à l'adolescent. Anna FREUD s'attaque aux problèmes que connaît l'enfant, mais sans appliquer directement l'attitude classique de la psychanalyse, non prévue pour eux. Elle adaptera donc la méthode de son père. Mélanie KLEIN, de son côté, en inventera une différente.
Développement
Anna FREUD va classer les troubles chez l'enfant en prenant pour point de départ le déroulement normal du processus de développement. Cette normalité est toujours ré ajustable car elle ne prend de valeur que face à l'anormalité. Elle définit les concepts de normalité et d'anormalité, étudie les modes de régression, fait la distinction entre les troubles pathologiques transitoires et les troubles permanents car tout ce que l'enfant "normal" vit est pathologique, mais de manière transitoire. A partir de ces études, elle définit une ligne de développement et des profils de diagnostic. La conclusion de ce travail est que tout processus de développement contient en lui-même un potentiel de distorsion.
Socialisation
Au début, il y a une unité biologique dans le couple Mère/Enfant. Le narcissisme de la Mère s'étend à l'Enfant et celui-ci inclut la Mère dans son propre narcissisme. Le principe de plaisir va représenter ce qui est asocial, inadapté, irresponsable alors que le principe de réalité sera essentiel à l'adaptation sociale, c'est à dire au développement d'attitudes conformes aux lois du clan. Le passage de l'enfant du principe de plaisir au principe de réalité implique une tolérance croissante à la frustration des désirs, et une réduction de la quantité de satisfaction des désirs. Le développement de la fonction du Moi est la condition préalable à toute socialisation. Les mécanismes qui favorisent la socialisation sont l'imitation, l'identification et l'introjection.
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L'imitation : c'est le plus précoce et le plus primitif des mécanismes. Le nourrisson, en imitant les adultes, adopte le rôle des personnes admirées, puissantes qui contrôlent la satisfaction de ses besoins et de ses pulsions selon des règles mystérieuses et étrangères à l'Enfant. C'est en imitant les grandes personnes qu'il accèdera aux règles sociales.
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L'identification : c'est un mécanisme plus complexe et global. Il repose sur le désir qu'a l'Enfant de s'approprier les aspects désirables de l'adulte en changeant l'image qu'il se fait de lui-même par rapport à l'image qu'il se fait de l'Autre. Il est question ici des qualités psychiques qui sont prêtées à l'Autre.
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L'introjection : ce mécanisme concerne surtout l'autorité parentale externe, et forme le Surmoi.
Ces trois mécanismes sont en fait 3 parties d'un tout. Ils ne sont pas homogènes et Anna FREUD mettra l'accent sur l'environnement, plus important en pathologie de l'Enfant qu'en pathologie de l'Adulte. Ainsi, la plupart des conflits de l'Enfant sont des conflits d'adaptation.
Psychanalyse de l'Enfant
Anna FREUD apporte 5 aménagements essentiels à la pratique psychanalytique :
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Introduction d'une phase préparatoire avec deux buts, motiver l'Enfant à entamer une relation thérapeutique, et établir un historique, une anamnèse selon des renseignements pris dans la famille (Alors que dans l'analyse pour Adulte n'est utilisé que le matériel subjectif fourni par le patient). Pour que l'Enfant soit motivé, il va falloir faire apparaître le thérapeute comme quelqu'un qui s'intéresse à lui, qui dispose d'un certain pouvoir, et qui peut être utile à l'Enfant. Ce dernier s'apercevra que ses Parents prennent en considération les conseils du thérapeute, et l'écoutent. De plus, le thérapeute est dégagé affectivement.
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Interprétation dès la première entrevue des défenses névrotiques dans l'attitude de l'Enfant à l'égard du thérapeute, ce qui permet de situer d'emblée l'Enfant dans un espace analytique.
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Interprétation des rêves, des rêveries diurnes, des dessins.
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Maniement différent du transfert puisque l'Enfant vit dans le présent, le pathologique. Car si chez l'Adulte le transfert repose sur l'éveil des affects qui ont déjà été éprouvés à l'âge d'Enfant, chez l'Enfant le transfert ne recherchera pas à reproduire une situation vécue mais à obtenir de l'analyste ce dont il est privé dans la réalité, dans le maintenant. D'où le rôle éducatif de l'analyste qui ne pourra être neutre. Il servira de Surmoi externe à l'Enfant, connotera certaines choses d'une valeur morale. En tolérant la liberté d'expression à l'Enfant, le thérapeute représente aussi une partie de son ça. Enfin, il lui sert de Moi auxiliaire, contrôlant et maîtrisant les désirs et les interdits. Dans une telle perspective, un véritable transfert est impossible. Il vaut mieux élucider les mécanismes de défense utilisés par l'Enfant pour se protéger de l'angoisse, et lever angoisse et culpabilité.
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Visée pédagogique. Pour Anna FREUD, l'analyste doit assumer un rôle éducatif justifié par le fait que le Surmoi enfantin est de formation tardive et que l'analyste a pour but l'adaptation psycho sociale. Le but de l'analyse est donc ici purement éducatif.