spitz
Son oeuvre est centrée sur les relations objectales et leur genèse (comment se constitue l'Objet et le Moi), ainsi que sur la pathologie de ces relations objectales (séquelles des carences affectives). Sa référence est Sigmund FREUD.
Sa méthode est l'observation directe du nouveau- né en situation, avec et sans sa Mère. Utilisation du film. Constitution de baby-tests et méthodes longitudinale et transversale.
Portant sur plusieurs centaines d'enfants de races blanche, noire et indienne, et venant de différents milieux socio-économiques, cette méthode infirmera ou confirmera ses hypothèses fondées sur les états précoces.
Auteur en médecine, né à Vienne en 1887 et analysé par Sigmund Freud en 1910, il a beaucoup travaillé avec Anna FREUD. Emigré aux Etats-Unis, il est mort à Denver dans le Colorado en 1974. A fait des études psychosomatiques sur des nourrissons, sur une réorganisation des crèches et des hôpitaux et est à l'origine de l'hospitalisation conjointe Mère/Enfant. Il refuse la thèse du traumatisme de la naissance, et s'inscrit donc en opposition à Otto RANK. Il réfute aussi la thèse de la relation objectale précoce (opposition à Mélanie KLEIN, cette fois) et décrit le psychisme du nourrisson de manière très simple. Il se réfère constamment au concept Freudien de base. Il étudiera enfin l'organisation du Moi de l'Enfant, la genèse des relations objectales et celle de l'angoisse.
Sa méthode
En elle-même originale, elle utilisera la psychologie Américaine du comportement ("Béhaviorisme") avec l'observation directe, l'utilisation de documents cinématographiques, la modification en temps réel des conditions de l'expérimentation, l'utilisation des statistiques et enfin le travail psychanalytique. La psychanalyse servira alors à reconstruire les données de l'observation directe.
Elaboration théorique
Il décrit une genèse de la relation objectale en faisant appel à un concept emprunté à l'embryologie, "l'organisateur". L'organisateur est le point vers lequel les lignes du développement convergent pour conclure un stade, une période. Il y aura ainsi 3 organisateurs, concluant 3 stades:
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La réponse par le sourire au visage humain de face et en mouvement. C'est la conclusion du stade anobjectal (sans objet). Avec le sourire s'élabore la primauté de la perception externe (3 mois).
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L'angoisse du 8° mois. C'est la conclusion du stade pré-objectal, avec reconnaissance de Soi et de l'Autre. L'Objet est constitué et identifié, ainsi que le Moi.
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Surgissement du "Non", geste et mot associés. C'est l'accession à la communication sémantique qui conclut le stade objectal. La relation à l'Objet ne changera plus.
Toutes ces manifestations sont repérables corporellement, et correspondent à un moment particulier du développement du système nerveux. Il y a à ce point convergence entre le biologique et le psychique.
Organisation du Moi
Le nourrisson ne possède pas de Moi car il ne peut pas manipuler tous les stimuli qu'il reçoit. Il en est protégé par un seuil perceptif très élevé. Les noyaux du Moi vont se constituer autour du comportement du nourrissage. A 3 mois, ces noyaux constituent un Moi rudimentaire. La Mère joue le rôle d'un Moi extérieur et l'Enfant s'en détache vers 9 mois. Le Moi devient vraiment autonome à 15 mois. La façon dont se structure le Moi dépend des expériences et de la manière dont il maîtrise ces dernières par son Moi corporel.
Notion de l'angoisse
Son apparition se fait en 3 étapes :
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La tension. C'est le prototype physiologique de l'angoisse.
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Les réactions d'évitement et de fuite. Elles se produiront face à certaines situations déplaisantes, avec par exemple le détournement du regard.
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L'angoisse du 8°mois. C'est la manifestation physique d'un conflit psychique entre le ça et le Moi, entre le désir et la réalité. L'angoisse naît de l'imminence de la perte de l'Objet.
Visée de ses travaux
Ses travaux n'auront pas un but uniquement thérapeutique, mais aussi préventif. Ses observations cliniques doivent fournir des indications pour les Parents, les pédagogues, les éducateurs... Il passera son temps à attirer l'attention de l'éducation nationale, des pédiatres, des instituteurs sur les besoins affectifs du jeune Enfant.
Notions de pathologie
L'hospitalisme : c'est l'ensemble des perturbations somatiques et psychiques graves consécutives à une carence affective totale et de longue durée. C'est le cas des Enfants qui, hospitalisés, sont séparés de leur Mère. SPITZ a observé 170 enfants dont 34 privés totalement de soutien maternel ou substitutif. Les plus vulnérables sont les nourrissons entre 6 et 12 mois, dont l'évolution suivra le tableau suivant:
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Le premier mois de séparation, l'Enfant va se mettre à pleurer sans raison, sera triste, s'accrochant à tout Adulte de l'entourage, recherchant le contact.
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Au deuxième mois, il y a arrêt de développement, perte de poids, et tristesse. L'Enfant cherche le contact mais sans véhémence.
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Au troisième mois, il y a un refus du contact. L'Enfant reste couché à plat ventre sur le lit, a des insomnies, refuse la nourriture, attrape facilement des maladies, et demeure anxieux et indifférent. Le retard psychomoteur se généralise.
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Après trois mois, le visage se fige, le regard est absent. Il n'y a plus de pleurs ni de sourires, plus de crise. On observera quelques gémissements plaintifs, des mouvements bizarres des doigts, des stéréotypies, et une mauvaise coordination oculaire. Le développement mental et physique est entravé mais la guérison sera rapide si l'Enfant retrouve sa Mère ou un substitut avant la fin du quatrième, voire du cinquième mois. On note qu' après 3 mois de séparation, le tableau que présente l'Enfant est proche de la dépression anaclitique.
L'hospitalisme correspond à des désordres psychosomatiques par déficience des relations Mère/Enfant au niveau quantitatif. Quand la privation affective est partielle, la maladie est la dépression anaclitique. Quand la privation affective est complète, on a affaire au "marasme".
La pathologie psychosomatique : c'est l'étude des désordres psychosomatiques et psychotoxiques. Cela traite de la qualité des interactions Mère/Enfant. En général, l'agressivité de la Mère sera annulée dès l'apparition des symptômes psychosomatiques chez son Enfant. L'agressivité sera déplacée sur le médecin, ou sur l'équipe soignante.
De l'attitude Maternelle . . . |
à la réaction de l'Enfant. |
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Rejet primaire manifeste . . . |
Comas du nouveau-né. |
Indulgence excessive et anxieuse . . . |
Coliques du 3° mois. |
Hostilité déguisée en anxiété . . . |
Eczéma infantile. |
Oscillation entre hostilité et cajolerie . . . |
Hyper mobilité, balancements. |
Sautes d'humeur cycliques . . . |
Jeux fécaux. |
Hostilité consciemment compensée . . . |
Hyperthymie agressive (humeur massacrante). |
Ce sont des éléments de repère qui peuvent se combiner entre eux ou se combiner avec d'autres symptômes, comme l'asthme, les vomissements, la douleur etc...
D'une manière générale, le patient psychosomatique (Enfant comme Adulte) cherchera à prouver à l'entourage qu'il est en position d'échec. L'entourage ne pourra alors pas exprimer son agressivité à l'encontre d'une "victime", et la retournera contre soi ou contre un tiers.